Association internationale
du développement urbain

Lecture Series 2025 – 2 / Santé mentale des villes, solitude et environnement urbain

Date : 20 mars 2025, en visio-conférence

Étienne Lhomet, directeur de DVDH et Tamara Yazigi, Architecte et Urbaniste chez Récipro-Cité

Dans le cadre du cycle « Urban Health Culture of the Future », l’INTA a organisé sa deuxième conférence, axée sur les liens entre urbanisme, santé mentale et isolement social. Deux présentations complémentaires ont permis d’approfondir la question de la mobilité et du logement, piliers de la résilience mentale dans nos villes.

Helle Juul, présidente de l’INTA, a présenté les deux intervenants.

  • Étienne Lhomet, directeur de DVDH, cabinet de conseil français spécialisé en mobilité durable. Présentation : comment des infrastructures de mobilité urbaine performantes reconnectent les individus ; expériences récentes à travers le monde.
  • Léa Portier, associée et Tamara Yazigi chez Recipro-cité, entreprise française spécialisée dans la conception et la mise en œuvre de projets d’habitat partagé. Présentation : comment les projets d’habitat partagé revitalisent le lien social : l’expérience de Récipro-cité.

🟦 Étienne Lhomet (DVDH) – Reconnecter les villes par la mobilité

Étienne Lhomet, directeur de DVDH, a proposé une intervention marquante en posant un constat fort : les villes sont des organismes vivants, dont les souffrances se répercutent sur celles des habitants. Loin d’une vision purement technique, il propose d’adopter une approche holistique du transport urbain, intégrant les dimensions sociales, psychologiques et culturelles.

À travers plusieurs cas internationaux emblématiques, il a illustré comment la mobilité peut guérir les villes :

  • À Medellín, la combinaison d’un métro, de téléphériques et d’infrastructures sociales (bibliothèques, crèches, programmes d’alphabétisation) a transformé une ville marquée par la violence en un modèle de réconciliation et de dignité urbaine.
  • À Bordeaux, la piétonnisation, le développement du tramway et les aménagements le long de la Garonne ont redonné vie à une ville figée, reconnectant les quartiers populaires au centre et favorisant une renaissance économique et sociale.

Étienne Lhomet insiste sur le fait que les projets de mobilité doivent répondre aux besoins réels des habitants – enfants, seniors, travailleurs précaires – en intégrant leurs contraintes quotidiennes et aspirations. Selon lui, le transport peut être un soin si l’on prend le temps d’écouter les “symptômes” de la ville.

🟪 Léa Portier & Tamara Yazigi (Récipro-Cité) – Recréer du lien par l’habitat partagé

L’intervention de Récipro-Cité a mis en lumière un enjeu tout aussi crucial : le rôle du cadre de vie dans la prévention de l’isolement. Léa Portier et Tamara Yazigi ont présenté le travail de leur entreprise, spécialisée dans la conception et l’animation de projets d’habitat intergénérationnel et de tiers-lieux urbains.

Elles ont rappelé l’impact dramatique de la crise du COVID-19 sur les jeunes et les personnes âgées, soulignant combien l’isolement social fragilise la santé mentale. Face à cela, Récipro-Cité propose des solutions concrètes :

  • L’implication des futurs habitants dans la conception des logements (assistance à maîtrise d’usage),
  • La présence d’animateurs de lien social dans les résidences pour impulser une dynamique collective,
  • La création de lieux partagés, comme les Maisons des Projets, favorisant la rencontre entre résidents et riverains.

Une étude d’impact menée par Récipro-Cité a révélé que plus de 80 % des bénéficiaires se sentent entourés, et plus de 60 % ont le sentiment de contribuer positivement à leur environnement.

Enfin, elles insistent sur la nécessité de former les professionnels de la fabrique urbaine à ces enjeux et d’ancrer les projets dans une logique de participation citoyenne dès la conception. Loin d’être anecdotiques, ces dynamiques de lien social sont, selon elles, des conditions essentielles du bien-être mental en ville.